Bonjour à tous
Bien que l'article précédent soit rester absolument sans réponses, j'en dépose un nouveau, avec l'espoir (quasi intact) de connaître vos avis et critiques.
La sexualité pour vivre le sacréCommençons par une approche du mot "sacré" : qui appartient au domaine du divin, c'est à dire qui dépasse le phénomène et l'entendement humain et dont le mystère peut inspirer un respect absolu et inaltérable. Et, par mode ou avec humilité, c'est bien ce mystère qui motive aujourd'hui beaucoup de pratiques autour du sacré, pour s'en approcher, pour dépasser la condition humaine, pour connaître ce mystère.
Parfois le sacré « s’impose » à nous et notre état interne change alors agréablement. Malheureusement la mémoire de ces instants passés ne suffit que rarement pour nous ramener l’état interne que nous avons vécu. A cause de cela, beaucoup de personnes cherchent à répéter les situations durant lesquelles elles ont ressenti la présence du sacré. De fait, cela fonctionne aussi rarement. Souvent la seule expectative suffit à brouiller l’état interne, au point que le sacré n’est plus ressenti. Aussi nous cherchons ici un autre chemin, par lequel accéder au sacré de manière intentionnelle et durant des moments opportuns, que nous appellerons alors cérémonies. Puis, avec plus d’expérience, à développer un regard qui permet d’intégrer le sacré dans le quotidien.
Le mot "sacré" est le participe passé du verbe "sacrer". Cela nous montre que le sacré peut-être le prolongement d'un acte humain, par lequel nous reconnaissons et exprimons la présence du divin, la présence de phénomènes qui nous dépassent, d'une réalité qui va au-delà des simples faits.
Par nos comportements il est possible exprimer la présence du sacré, et de l’entretenir. Aussi avant d'inventer, ou d'adhérer à une cérémonie, qui reste externe, il convient que nous nous proposions une attitude, un état interne, adéquate face au sacré. La cérémonie viendra ensuite pour nous permettre d'exprimer, de retrouver et de renouveler nos intentions, nos engagements.
C'est par une attitude, par un état interne choisi, que nous reconnaissons la présence du sacré, quand nous choisissons d'être influencé par le sacré. Aussi la question de la sexualité sacrée est individuelle avant d'être une recherche à deux. C'est un choix d'attitude face à la personne avec laquelle nous entrons en intimité, et un comportement durant la relation.
Dans cet état choisi, le moment de la sexualité peut devenir cérémonie, célébration de la relation à l'autre. Autre qui incarne pour nous une manifestation du divin, car nous le reconnaissons comme tel, investi du mystère merveilleux de la vie.
Et si nous choisissons d'assumer cette attitude au-delà d'une relation avec une personne, c'est à dire si nous reconnaissons la présence du sacré parmi les êtres et les choses, cette cérémonie peut devenir célébration de la vie, de notre relation au monde, dont nous reconnaissons une part sacrée. C'est là un idéal vers lequel doit tendre notre relation avec le sacré : qu'il soit en expansion parmi les êtres et les choses.
Mais, une chose importante est incontournable : le sacré, exprimé et vécu durant une cérémonie, a pour limite le vécu en dehors de ce moment. Il est évident qu'une cérémonie, quelle qu'elle soit, n'a pas de sens pour fêter profondément une relation que nous ne respectons pas le reste du temps, une vie que nous n'aimons pas au quotidien. Ici apparaît le caractère nécessairement inaltérable du sacré. Si une personne et une relation sont sacrées un instant, si la vie est sacré un instant, alors elles le sont définitivement. C'est un idéal vers lequel doit tendre notre relation avec le sacré : qu'il soit en expansion dans le temps.
Nous parlons de mystère, inexplicable comme la vie elle même, et de limites humaines. Dans ce domaine non matériel, vers où et comment se déplacer pour approcher une limite et voir au-delà ? C'est dans le monde humain, le monde interne, dans notre monde interne, que nous cherchons un emplacement. Alors c'est nos changements d'attitudes et de comportements qui seront nos changements de positions dans ce monde. Et notre voyage sera le travail nécessaire pour ces changements, ces ajustements de comportement toujours plus en rapport avec la présence grandissante du sacré face à nous et en nous.
Comme nous cherchons la limite entre l'humain et le divin, c'est un comportement de plus en plus humain qui sera la direction juste, jusqu'à nos propres limites qui, souvent remises en cause et dépassées, nous mènerons à la frontière, floue, entre l'humain pleinement humain et le divin : la sagesse et l'inspiration
Et pour voir au-delà il faudra porter notre attention sur les réponses que la vie donnera à nos changements successifs. Car en cela apparaît le mystère : la vie donne des réponses en relation avec nos états internes et notre propre capacité à lui répondre deviendra alors l'essence de notre comportement de reconnaissance du sacré. Et c’est par des états internes cohérents, et d’une certaine constance, qu’il devient possible de percevoir une cohérence dans les réponses de la vie.
Il est possible, bien sur, d'utiliser la sexualité comme base de cérémonie pour manifester notre reconnaissance du sacré car le mystère s'exprime pleinement dans la possibilité de la sexualité à transmettre la vie et à a modifier profondément les états internes. Mais une cérémonie est un moment important, car nous cherchons à manifester le meilleur de nous même et notre recherche. Nous cherchons y à vivre un instant ce que nous n'arrivons pas forcement a vivre au quotidien mais qui nous soutiendra et nous guidera ensuite. Choisir la sexualité comme support pour cela n'est pas simple, car notre sexualité souffre souvent de difficultés d'expressions, des belles choses inhibées et des choses "regrettables" exprimées. Et ces deux tendances tendrons à déformer le comportement face au sacré que nous avons choisi, c’est à dire le cœur même de la cérémonie. Mais cela peut être également un atout. Car ces deux tendances sont finalement présentes dans nos vies entières et les réorienter pour les dépasser sera un réel progrès humain. L’attention à cette difficulté, pour son dépassement, le temps des cérémonies, leurs donneront de la réalité et du sens.
La sexualité peut-elle être initiatique ?
Pour être initiatique la sexualité devra nous permettre de donner à une personne la possibilité d'accéder au sacré, de lui faire ressentir le mystère, la vie qui l'habite et qui nous habite, de lui faire vivre sa beauté et notre beauté. Nous parlons, bien sur, d'une personne qui ne sait pas produire cela par elle-même. Il est évident alors que c'est nous qui devrons le produire, le manifester. Et c'est en adoptant une attitude adéquate vis à vis d'elle que nous pourrons lui transmettre le sentiment que nous voyons en elle une manifestation du sacré. Et pour être sincère et crédible il nous faudra le vivre avec assez de vérité et de profondeur. Ainsi la sexualité sera initiatique si la personne qui propose la "cérémonie" a suffisamment d'expérience avec le sacré pour que cela prenne réellement la place principale dans son regard et dans son attitude. La sexualité sera initiatique dans la mesure où les personnes qui la pratique se sentent intégrées à la vie, belles et infinies.
Laurent